En raison de la nature de leur mandat, les travailleurs de la protection de la jeunesse risquent de subir des formes d’agression physique et psychologique de la part des utilisateurs de services. Pour cette raison, il est important que ces derniers reçoivent le soutien dont ils ont besoin pour assurer leur résilience.
Le but de cette étude était d’examiner les interactions au fil du temps entre les travailleurs de la protection de la jeunesse qui se remettent d’une expérience récente d’agression par un client et leur superviseur. Pour cette étude, les chercheurs étaient particulièrement intéressés à documenter le soutien perçu du superviseur dans un contexte d’agression par le client. Les chercheurs ont interrogé 30 travailleurs de la protection de la jeunesse à trois moments différents (moins d’un mois après l’agression, puis 2 et 6 mois plus tard) pour évaluer comment leurs besoins de soutien ont évolué au fil du temps et comment les superviseurs se sont adaptés en réponse.
Objectifs :
1) Documenter les facteurs motivant les employés à faire appel à leurs superviseurs au fil du temps afin de partager leurs émotions.
2) Explorer les actions ou interventions des superviseurs en faveur des travailleurs de la protection de la jeunesse qui se remettent de l’agression d’un client.
3) Explorer le niveau de satisfaction des employés concernant le soutien de leurs superviseurs et sa pertinence perçue.
4) Relier les résultats à la théorie du travail émotionnel.
Les chercheurs ont identifié trois dimensions :
1) recevoir des soins proactifs et urgents ; 2) donner ensemble un sens à l’agression ; et 3) établir une relation de confiance.
Résultats :
Les résultats démontrent que si les conséquences associées à l’agression d’un client peuvent être durables et dévastatrices, les travailleurs de la protection de la jeunesse peuvent se rétablir et le font avec l’aide d’un superviseur qui les soutient.
Les données suggèrent que les travailleurs de la protection de la jeunesse étaient plus susceptibles de contacter leur superviseur immédiatement après l’événement, lorsqu’ils étaient émotionnellement dépassés par la crise, et plus tard lorsqu’ils devaient trouver des moyens de concilier leur expérience avec leur réalité professionnelle. Toutefois, leur tendance à solliciter de l’aide était grandement influencée non seulement par la qualité de la relation qu’ils avaient établie avec leur superviseur, mais aussi par le contexte organisationnel dans lequel cette relation évoluait (p. ex. le rythme de travail).
Conclusion
Les études futures devraient continuer de se pencher sur la façon dont le contexte organisationnel façonne et contraint les réalités émotionnelles des travailleurs de la protection de la jeunesse. Il serait particulièrement intéressant d’examiner comment ces-derniers interagissent avec les clients agressifs après une attaque et comment les employeurs peuvent favoriser la réconciliation ou protéger leurs employés et leurs clients contre d’autres conséquences négatives.
L’étude de l’impact de la formation des superviseurs sur la qualité et l’efficacité de leur soutien pourrait également aider les chercheurs à formuler des recommandations plus précises à l’intention des organisations.
Auteurs : Lamothe, J., Geoffrion, S., Couvrette, A., et Guay, S. (2021)