Premiers soins psychologiques pour travailleurs exposés à des événements traumatiques
De par la nature de leur métier, les travailleurs des milieux de la santé et de la sécurité publique sont exposés à répétition à des événements potentiellement traumatiques. Par exemple, les paramédicaux sont exposés régulièrement à des personnes grièvement blessées dans le cadre de leurs fonctions. Cette exposition répétée fait en sorte que ces travailleurs présentent un risque plus grand que la population générale de développer certains problèmes de santé mentale, tels que le trouble de stress post-traumatique, la dépression, l’anxiété ou des problèmes de consommation d’alcool et de drogues.
Le Centre d’étude sur le trauma mène présentement une étude sur les premiers soins psychologiques (PSP) offerts par des pairs aidants en milieu de travail. Ainsi, des organisations de paramédicaux et répartiteurs médicaux d’urgence, des corps de police et des Centres Intégrés de Santé et de Services sociaux ont pris part au projet afin d’offrir cette nouvelle approche de prise en charge psychologique aux travailleurs affectés par un événement traumatique (ÉT).
Mais en quoi consistent les PSP?
Initialement développés pour aider les survivants à s’adapter après un trauma de masse (c.-à-d. désastre naturel, terrorisme), les PSP sont maintenant utilisés auprès de clientèles variées et constituent l’approche favorisée par l’OMS afin de prévenir la détresse psychologique qui peut survenir après un ÉT. L’intervention se veut flexible et se centre sur les besoins et les préoccupations de la personne exposée. Elle peut débuter dès les premières heures suivant l’événement (phase immédiate). Il importe à cette étape de fournir les soins physiques et psychologiques requis afin de favoriser un sentiment de sécurité et un retour au calme. Contrairement au débriefing psychologique, les PSP proscrivent de forcer la personne à raconter les détails de l’événement, de minimiser ses émotions et de lui suggérer comment elle devrait se sentir. Plutôt, l’intervenant en PSP saura faire preuve d’empathie et adoptera des attitudes de validation et d’acceptation face à toute la gamme de réactions exprimées par la personne. Ils exploreront également ensemble quelles sont les sources de soutien social disponibles et qui peuvent répondre aux besoins actuels.
Une fois le sentiment de sécurité rétabli, l’intervention prendra la forme d’une veille attentive (phase post-immédiate). Ainsi, dans les semaines qui vont suivre l’ÉT, il y aura une évaluation continue des besoins, de même qu’un dépistage des réactions de stress et des facteurs de risque afin d’assurer, lorsque nécessaire, le lien vers les ressources d’aide appropriées. L’intervenant sera disponible afin d’offrir son soutien et donnera de l’information sur les réactions post-traumatiques qui peuvent survenir de même que les stratégies permettant de mieux les gérer.
Ultimement, le rétablissement des personnes exposées découlera de l’application des cinq principes d’intervention fondamentaux aux PSP :
- favoriser un sentiment de sécurité;
- favoriser un retour au calme;
- favoriser un sentiment d’être connecté aux autres;
- favoriser un sentiment d’efficacité;
- favoriser un sentiment d’espoir.
Bien que cette approche prometteuse soit basée sur des données probantes, son efficacité en milieu de travail n’a pas encore été démontrée. Afin de pallier à cette lacune, le Centre d’étude sur le trauma mène donc cette étude avec l’objectif de déterminer comment implanter les premiers soins psychologiques en milieu de travail et d’évaluer leur efficacité dans ce contexte. Si vous avez des questions, vous pouvez rejoindre Marie-Pierre Leduc, coordonnatrice du projet au (514) 251-4000, poste 3123 ou par courriel à l’adresse suivante : marie-pierre.leduc.cemtl@ssss.gouv.qc.ca.